Bonjour Hostise,
Votre réflexion est intéressante car elle pose la question de "l'histoire". A quoi sert l'histoire, qui écrit l'Histoire, pourquoi les historiens la réécrivent sans cesse, pourquoi des états la protègent par des lois, pourquoi n'est-t-elle pas finie une fois pour toute ? ...
Ces questions ont leur réponse. L'Histoire est écrite par les vainqueurs et est dés lors toujours teintée d'une justification à posteriori. Il faut que le vaincu soit pire que le vainqueur, sinon la victoire n'est pas justifiable. On recense donc ses massacres et on relativise ceux du vainqueur. De la sorte, le récit historique construit ne cherche pas la vérité, mais justifie le vainqueur. C'est Pourquoi, pour accéder à la vérité, les historiens se penchent sur les anciens "récits" pour les mettre en relief avec les récits des perdants, avec l'environnement général, avec les autres sources qu'on retrouve depuis, avec les nouvelles données que la science, l'étude des sociétés, la géopolitique ou l'archéologie nous fournissent.
Ce travail de réécriture de l'histoire est TOUJOURS du révisionnisme, puisqu'il s'agit de réviser ses a-prioris, de réviser les croyances sur ce sujet, de réviser l'histoire qui ne tient plus la route avec telle ou telle nouvelle découverte etc...
Le travail de l'historien n'est pas de paraphraser ses prédécesseurs, mais de réviser leurs "récits" à la lumière des nouvelles données. Ce travail est continu.
Ainsi, il est intéressant de considérer l'histoire de l'histoire d'un récit, car il évolue en fonction des historiens, de l'époque, du milieu etc.... Dans le cas de la Saint-Bartélémy, l'histoire du récit a changé au cours du temps. Ainsi, la période de la Révolution Française a considérablement modifié le récit. Alors que les causes étaient troubles et désignaient clairement des volontés politiques et de clans, il est devenu le résultat d'"une guerre de religion" dont les seuls coupables étaient les cathos. Voltaire et Michelet, les plus grands menteurs de France, ont largement contribué à ces récits afin de parachever la destruction de l'Eglise et "créer un monde nouveau" -qu'il fallait justifier en diabolisant le passé-, des romans ont été écrits dans ce sens, puis du théâtre et des films...
Prendre ces récits comme une vérité historique n'est pas faire de l'histoire. Le travail de l'historien permet de dégager le vrai du faux, la propagande de la réalité, la construction idéologique et les faits bruts.... Et à chaque fois qu'un récit historique est modifié, il s'agit de révisionnisme.
Je vous invite donc à étudier le sujet de la Saint-Barthélemy ou de l'inquisition à la lumière de l'Histoire et non des justifications idéologiques.
